Pastorale sociale: Contribution de l’Eglise en matière de Santé
Depuis l’implantation de l’église catholique en Centrafrique en 1894, la mission est partie de l’évangélisation à une dimension de contribution nationale. Le secteur sanitaire a bénéficié d’une attention particulière. La Coordination Nationale Catholique de la Santé en Centrafrique (CONASAN) est l’organe de la Conférence Episcopale Centrafricaine (CECA) qui conduit la vision catholique de santé en République Centrafricaine. La CONASAN opère sur le terrain depuis 2003, par les Coordinations Diocésaines de la Santé (CODIS), aujourd’hui présentes dans les neuf diocèses que compte l’église catholique de Centrafrique.
En 123 ans d’existence en République Centrafricaine, l’église catholique a pu apporter la pierre qui est la sienne au bien-être social du peuple centrafricain et au développement de ce pays. Si, à travers la CECA, l’église catholique a conduit des actions salvatrices au service de la stabilité politique, économique et sociale, elle a tout de même apporté une contribution très significative à l’amélioration des conditions sanitaires, notamment l’accès aux services de santé de base aux populations centrafricaines. Point n’est besoin de rappeler que le système national de santé en Centrafricaine, comme beaucoup d’autres secteurs de la vie publique, a laissé entrevoir des limites en tout genre, notamment depuis le ratio infrastructures ou personnel soignants / population, ainsi que les conditions de pratiques sanitaires. C’est en cela que se justifie la libéralisation du secteur de la santé ayant permis aux initiatives privées d’apporter un appui au système sanitaire. CONASAN est l’organe opérationnel de la CECA qui s’occupe de la santé. Cette noble organisation a été créée en République centrafricaine, conformément à la Loi n° 61/233 du 27 mai 1961 régissant les Associations dans le pays, une association d’utilité publique à but non lucratif. Son siège est situé au Centre Jean XXII à Bangui. Il s’agit d’une organisation d’envergure nationale qui a pour but de contribuer à l’amélioration de la santé de la population, de soutenir les communautés les plus défavorisées pour la promotion de la vie, sans distinction de race, de sexe, d’opinion publique ni de religion. En cela, l’organisation est appelée à mener différentes activités d’ordre curatif, préventif et promotionnel à travers les Formations sanitaires (FOSA), notamment les hôpitaux, les centres de santé, les dépôts pharmaceutiques, les centres spécialisés comme par exemple les centres de rééducation, les centres nutritionnels, les centres dentaires… CONASAN est appelée aussi à développer, à mettre en œuvre des stratégies de suivi et d’évaluation des activités contre le VIH/SIDA en milieux religieux ; ceci en partenariat avec les organismes nationaux et internationaux concernés. L’importance majeure de CONASAN réside dans son nébuleux réseau organisationnel à travers le pays. A ce jour, l’organisation dispose d’un réseau de 72 Structures sanitaires à travers toute la République centrafricaine dont 26 centres de santé avec maternité, des centres de dépistage volontaire, des centres nutritionnels, des dépôts pharmaceutiques… En termes de ressources humaines médicales, CONASAN compte 5 médecins expatriés permanents, 7 médecins contractuels nationaux et un personnel para médical (laïc et religieux). Pour le dynamisme et l’efficacité de sa mission, l’Organisation dispose d’un Bureau National, organe permanent qui s’occupe de la supervision, la concertation, la réflexion, les recherches et les analyses des missions assignées à CONASAN. Elle dispose ensuite des coordinations diocésaines de la santé (CODIS) dont la mission est de coordonner, promouvoir et superviser les activités de santé des FOSA au niveau diocésain. Enfin, l’Organisation dispose d’un Comité épiscopal national contre le sida (CENFAS) qui a pour mission de favoriser l’harmonisation de la pastorale de la santé autour d’un projet de lutte contre le VIH/SIDA ; de formuler des avis sur toutes les questions relatives à la lutte contre le VIH/SIDA ; de coordonner toutes les activités face au Sida. Depuis 2003, avec l’érection des CODIS, la CONASAN n’intervient plus directement sur le terrain. Ce sont plutôt les coordinations diocésaines qui opèrent et rendent compte, à travers leurs rapports annuels à la structure mère. A titre d’illustration, le rapport de couverture sanitaire en 2009, par exemple, de CONASAN fait état de trois millions neuf cent sept mille cinq cent cinquante trois (3 907 553) personnes prises en charge, ceci à raison 1 122 538 provenant de CODIS-Bangui ; Alindao : 279 215 ; Bambari : 469 875 ; Bangassou : 248 353 ; Berberati : 522 084 ; Bossangoa : 607 252 ; Bouar 564 638 ; Kaga Bandoro : 313 188 et ; Mbaïki : 276 665. Faut-il souligner en passant que ces statistiques prises au hasard dans les archives de CONASAN, concernent la période d’avant la dernière crise militaro-politique sans précédent de 2013. « Au niveau des CODIS, nous avons connu un pic d’activités à partir de 2013 suite aux événements que le pays a traversés », a confié Frère Elkana NDAWATCHA, Coordonnateur de CODIS-Bangui.
L’inflation du nombre de personnes prises en charge par les CODIS depuis 2013 corrobore bien cette période de crise. En témoigne le rapport 2015 de CODIS-Bangui, par exemple qui fait état d’une nette augmentation des interventions de la CODIS dans ses quatorze (14) Centres de santé. Un total de deux mille cent seize (2 116) personnes ont été prises en charge, sans compter les actions humanitaires sur les sites des déplacés internes. Ce chiffre rend compte des activités sanitaires au niveau des centres de santé suivants : village Bomboko : 161 personnes prises en charge ; village Longo : 304 personnes prises en charge ; village Borossé : 304 personnes ; village N’Délébama : 188 personnes ; village Bodouma : 202 personnes ; village Bobingui : 115 personnes; Bogangolo-Centre : 167 prsonnes ; village Bogoin : 144 personnes ; Paroisse de Fatima à Bangui : 114 personnes; village Lambi : 123 ; village Bobissa : 152 ; et Paroisse Boyali : 142 personnes prises en charge.
A ces interventions sanitaires, il faut ajouter le renforcement des structures sanitaires dans ledit diocèse, à savoir la réhabilitation entière du poste de santé du village Ngoundja, la réhabilitation du CRHAM, l’acquisition, grâce au concours des partenaires, d’un véhicule Toyota Land Cruiser destiné à la tournée de l’équipe mobile de santé de CODIS. Bref, pour l’année 2015 par exemple, c’est toute une enveloppe de 18 687 115 F.Cfa qui a été investie par CODIS-Bangui uniquement au profit du système sanitaire, grâce à l’appui des partenaires de Mission, Kirch In Not, Memisa, Ouest France Solidarité.
Ce coin de voile sur l’investissement catholique dans le cadre de la santé au niveau de Bangui donne bien la mesure de la contribution pastorale catholique sur l’ensemble du territoire national. Toutefois, les embûches ne manquent pas. L’organisation a des difficultés qui sont directement liées à la dernière crise militaro-politique survenue dans le pays. 17 structures sanitaires ont été pillées ainsi que les dépôts pharmaceutiques et le parc automobile. La CONASAN tente de se relever avec l’appui des partenaires comme l’OMS, UNICEF, MISEROR, UNICEF, MSF, CORDAID dans le domaine de la réhabilitation, de l’approvisionnement en médicaments, de l’appui financier direct… mais lance toutefois un appel à tous les partenaires pour l’appuyer davantage
Fred KROCK