La mission Catholique en Centrafrique : Aperçu historique et dissémination
« Allez de par le monde, faites des disciples, baptisez au nom du père, du fils et du saint Esprit ». «Allez plus large… ». Ce sont ces passages prophétiques qui ont pousse les première missionnaires (des Spiritains) dont Mgr AUGOUARD et son équipe à atteindre Bangui et au-delà pour fonder la mission. C’est le cas de la mission Saint Paul des Rapides en 1894. Avec le père Jules Rémy comme fondateur et supérieur quelques mois plus tard, la sainte famille de N’Djoukou, ensuite la mission de Borossé. Ceci dans un contexte d’hostilité des autochtones avec les colons blancs. Le sacrifice de leur vie, la ténacité et l’ardeur au travail de ces pionniers de l’évangile ont fait naître l’église du Christ en Centrafrique. C’est après la création du poste de Bangui.
La création du poste de Bangui
Dans le souci d’accélérer l’expansion des puissances coloniale à l’époque dans leurs progressions à l’intérieur du continent africain (le Portugal et la Belgique) et après la promulgation de la conférence de Berlin (15 Novembre au 26 février 1885) le pasteur Grenfeff allait découvrir et explorer l’Oubangui entre janvier et février 1885 pour le compte du roi des Belges et ensuite Brazzaville dès Mai 1889 pour celui de la France. Des postes vont être créés le long de la rive droite de l’Oubangui à partir de 1885, le décret de création d’un poste français à Bangui date du 10 Mai 1885 par Albert Dolisie et fondé par Alfred Uzac. La direction du poste revient à Michel Dolisie après des tentatives au village Yakoli. Etant malade, il fut remplacé par Maurice Muzy massacré le 3 janvier1890 par les habitants de Botambi, Yakoli , et Salanga parce qu’il a tenté de régler des différends entre ces villages par la force des armes. A l’appel de l’administrateur Lagneau qui tient à cette installation, Voisin se lance dans l’aventure mais contraint d’aller en amont . Le 15 juin 1890, Edmond Ponel successeur de Voisin transfert le poste à 2km et demi au pied des rapides (l’emplacement du Rock Club actuel) avec Fonder comme chef de ce poste. La fondation de l’église St Paul des Rapides par Mgr Prosper Philippe Augouard
Qui est Mgr Augouard ?
Né à Poitiers le 16 septembres 1852 aîné d’une famille de 4 enfants (deux garçons et deux filles), il est entré au petit séminaire de Montholon puis au grand séminaire, Seez, là où il a rencontré un prêtre spiritain, père Honer, supérieur de la mission de Zanzibar qui passait donner une conférence. Les brillantes conquêtes de ce prêtre le touchèrent. Il entre ensuite au noviciat des Pères du St Esprit à Langonner dans le Morbihan et ordonné prêtre le 10 juin 1876 à Paris. Envoyé à la mission Ste Marie au Gabon, il quitte la France le 05 décembre 1877 et arrive à destination le 27 janvier 1878.
Au Gabon il fut envoyé à 6000 km au sud de Libreville à l’Adana (aujourd’hui Cabinda) puis à Brazzaville où il est appelé « Apôtre du Congo » à l’issue de plusieurs œuvres missionnaires réalisées (fondation des missions dans les localités appartenant aux deux Congo aujourd’hui). Le 14 octobre 1890, le Pape Léon XV l’élève à la dignité épiscopale d’évêque de Sinita et vicaire apostolique de l’Oubangui avec siège à Brazzaville. Le Vicariat apostolique de l’Oubangui va de la rivière Djoue au sud de Brazzaville jusqu’au nord de Abéché au Tchad (le parallèle 14o 30). Sa consécration a eu lieu dans la chapelle des pères du St Esprit, L’Lhomond, le dimanche 23 Novembre 1890.
La fondation de la mission St Paul des Rapides
Après la construction de la cathédrale St Hyppolyte et l’installation des sœurs de St Joseph de Cluny, Mgr Augouard envisage de fonder deux missions à Bangui et plus au nord. Le 13 janvier 1893, Mgr Augouard part de Brazzaville avec le père Jules Rémy sur le Djoue une canonnière du gouverneur français. Ils arrivent à St Louis de Linaga le 25 janvier à 10h30mn, puis ils continuent en baleinière avec le père Moreau et Sallaz, le frère Savinien et une soixantaine de petits noirs rachetés pour le père Allaire. Ils rejoignirent le poste français de Bangui le 9 février 1893 à 18h00. Ils s’empressèrent de choisir un site destiné à être le siège de la future mission. C’est à 3km du poste français, au delà des rapides (ancien emplacement du village Bonzerou). Chef de district M. Vittu Dekaroul les pria de différer leur établissement parce que la défense du poste n’est pas assurée. Le 17 février, ils répartirent avec la baleinière emmenant avec eux quelques enfants, garçons et filles au nombre de 11 pour les former à Brazzaville. Mgr Augouard en était resté satisfait sachant qu’après une éducation appropriée, ces enfants retourneront, dans leur village et constitueront un facteur favorable au contact des missionnaires, avec les populations. Le 12 janvier 1894, ils partirent de Brazzaville sur l’Antoinette offerte gratuitement par Mr Grshoff, le principal représentant d’une maison hollandaise de Brazzaville quoique protestant n’a cessé d’être charitable envers les missions au Congo. La mission était composée de Mgr Augouard, le père Jules Rémy supérieur de la nouvelle mission, le frère Germain, 14 enfants dont plusieurs étaient à remettre dans leurs villages, deux enfants baptisés pour servir la messe, enfants Ouadda qui devraient les aider dans les constructions, des ouvriers Loangos complétés à St Louis Téranga par le père Sallaz. Elle arrive au poste français de Bangui le 13 février 1894 à 11h30 mn et reçue à la résidence par l’administrateur Vittu de Karaoul qui contrairement à ses conseils de l’année précédente, demande à l’équipe de s’y installer au lieu choisi car la paix a été faite avec les intrépides Bondjos. L’évêque baptisa ce lieu St Paul des Rapides auquel père Rémy donne le sens suivant : St Paul à été un grand guerrier et à ce titre, il doit nous tirer des embuches que les indigènes ne manqueront pas de tendre à nous et à nos enfants. Quant à la dénomination des Rapides, il ne pouvait trouver mieux que cette appellation, car nous ne pouvons ni monter, ni descendre le fleuve sans passer par des rapides. Néanmoins les peuples autochtones dont certains sont plus féroces avaient manifesté une certaine sympathie envers les missionnaires dès leurs arrivée, car disaient ils, ces (MOUZOU NZAPA) qui avaient ramené leurs enfants en santé après une année passée à Brazzaville, étaient certainement des hommes de confiance avec qui ils pouvaient établir de bons rapports.
Après avoir installé les pères Rémy et Sallaz et le frère Germain pour la mission de st Paul des rapides, Mgr Augouard retourne à Brazzaville, le mercredi 21 février à 7h00. L’équipe s’active pour la construction de la maison provisoire (une maison paillote) de 17m sur 4m. Terminée la construction ils la regagnèrent le 16 Avril 1894 et le 17 avril 1894, ils célébrèrent la première messe sur les lieux.
Pour le père Gislain Debonville, cette date est à retenir comme celle de la fondation de la première mission de Centrafrique St Paul des Rapides. L’équipe s’est lancée ensuite dans la construction de la maison définitive construite avec 70000 briques cuites et recouverte de tôles qui fut bénie le 25 Aout 1885.
La fondation de l’Eglise Ste Famille de Ndjoukou.
Le groupe composé des pères Moreau et Gourdy et frère Elie destiné à la mission Ste famille des Banzin quitte Brazzaville le 13 septembre 1894 à bord du bâteau hollandais (Holland). Après trois semaines d’escale à Liranga, le groupe arrive à Bangui le 27 octobre. Le 30 octobre à 9h00 du matin, il continue le voyage accompagné par père Rémy et sur 10 pirogues dont 8 ont été mises à disposition par le capitaine Décase avec une centaine de pagayeurs. Ils arrivent à destination le 2 Novembre. Après leur installation, la mission Ste famille commença à vivre le Dimanche 4 Novembre 1894 à 7h00 du matin par une messe célébrée par le père Goundy et le père Moraux. La prospection a permis de trouver le premier lieu qui s’est avéré par la suite non propice. En réponse à leur rapport ils reçurent l’autorisation du choix d’un autre lieu plus salubre. Ils choisirent un terrain à 50 km en amont près de Besson, chef des Banziri (aujourd’hui Ndjuku). Le 2 février 1895, le père Moraux célébrait la messe pour la fondation de la congrégation et commencait officiellement sa nouvelle activité missionnaire et les travaux de construction de la mission Ste Famille dont la première construction fut inaugurée le 9 février par les pères Gourdy, Rémy et leurs confrères.
La fondation de la mission Notre Dame de Borossé
A l’issue de la fondation de la mission St Paul des Rapides, il est question pour les missionnaires d’aller à l’intérieur pour annoncer la bonne nouvelle. Le début très impopulaire de la mission chez les Borossé va se buter à l’opposition du Directeur Général de la société Mpoko. Alors, une vingtaine d’autochtones hostiles à la société Mpoko et favorables à la mission allèrent à St Paul des Rapides, amener le père Vengnet dans la localité en l’escortant avec tous les hommes. Il amena à l’internat un groupe de garçons qui l’aideront à traduire plusieurs prières et les catéchismes en langue Ali. Le conflit entre la société Mpoko et les populations autochtones hostiles à cette société prit des proportions importantes malgré la décision du tribunal. Des affrontements entre les tenants de la société et ses ouvriers et les populations ont faits des morts dans les deux camps. Celui de la société appuyé par des militaires organise des représailles créant des tensions. Les missionnaires tentent de sauver des vies dans les deux camps, mais cela n’arrange en rien le conflit. Le Père Beauchère puis le père Vengnet successivement malades sont menacés et évacués en France où ils moururent. Au milieu de tout cela, l’œuvre de l’évangélisation de cette localité fut conférée au père Calloch du début de 1907 jusqu’en mars 1908. Il multiplie les visites, apprend la langue Ali avec le Pasquier il s’occupe des 500 enfants de 10 à 15 ans présents à Borossé dont environ 200 garçons et 60 filles inscrits au catéchisme qui apprennent aussi le français et la lecture
Qui est Mgr Ndayen, aujourd’hui Archevêque Emérite de Bangui résident en France ?
Le 5 septembre 1968, le pape nome l’Abbé Joachin NDAYEN Coadjuteur Archevêque titulaire de celui si et coadjuteur avec droit de succession de Mgr Cucherousset 1er Archevêque de Bangui de (1895 -1970). Le 5 janvier 1969, il est ordonné Evêque par Mgr Louis Boggie. Délégué Apostolique sur la grande place de la cathédrale Notre dame de Bangui. Assistaient à l’événement 17 évêques plus de 100 prêtres, le président de la République Jean Bedel Bokassa et tout le gouvernement, la chorale du séminaire de Sibut, sous l’applaudissement des fidèles en liesse, exécutait des Cantiques composés par le nouvel Evêque lui-même. Mgr Cucherousset rappela l’arrivée en Oubangui, 75 années auparavant des premiers prêtres spiritains. Déchaînées à la fin du sacre, les fidèles voulaient exprimer à la manière africaine (geste et parole), leur parole, leur joie et leur orgueil légitime d’avoir un Evêque qui était de leur race. Ordonné prêtre le 22 juillet 1961, ce dernier avait été Directeur au petit séminaire de Sibut et ensuite au séminaire moyen de Bangui. Il est devenu Archevêque coadjuteur à 34 ans. C’est le deuxième Archevêque de Bangui (1970-2002)
Constant BANGUEMA