Mercredi Saint est le jour traditionnel de la messe chrismale dans l’archidiocèse de Bangui. Dans la matinée, tous les prêtres et diacres, exerçant leur ministère dans ledit diocèse, se réunissent en récollection dans la matinée avant la Messe solennelle que l’archevêque métropolitain préside en soirée.
Le clergé de Bangui, autour du Cardinal Nzapalainga, s’est réuni le Mercredi Saint à la Maison diocésaine à Ouango dans le 7ème arrondissement, pour la récollection traditionnelle avant la Messe chrismale, prévue à 18h00 à la cathédrale Notre Dame de l’Immaculée Conception de Bangui.

Pour alimenter ce moment de prière, l’abbé Jean-Marie Kondé a présenté une conférence sur la spiritualité sacerdotale autour du thème « Faites ceci en mémoire de moi. »

S’en est suivi un temps de la célébration pénitentielle et des confessions individuelles puis de l’adoration du Saint Sacrement avant de conclure la récollection par le déjeuner.
A 18h, au cours de la Messe chrismale à la cathédrale Notre Dame de l’Immaculée Conception, tous les prêtres ont renouvelé leurs promesses sacerdotales devant Cardinal Dieudonné Nzapalainga.

Puis ce dernier a béni les Saintes Huiles qui serviront à l’administration de différents sacrements.

Notons une participation massive des fidèles laics.

Suivons l’intégralité de son homélie.
(Isaïe 61,1-3. 6. 8–9 ; Psaume 89,21–27 ; Apocalypse 1,5–8 ; Luc 4,16–21)
Chers confrères dans le sacerdoce
Chers frères et sœurs : la paix du Christ !
En cette semaine sainte que nous avons déjà commencée et où nous sommes invités à vivre intensément les mystères de notre Seigneur Jésus-Christ, sources de notre salut, nous voici, Peuple de Dieu dans l’archidiocèse de Bangui, réunis dans la Cathédrale, pour célébrer la messe chrismale. J’élève ma voix, en action de grâce au Seigneur, pour tous ses bienfaits. Malgré nos faiblesses, nos péchés, le Christ nous fait confiance et nous associe à sa mission. Il nous appelle à l’Esperance.
Chers frères et sœurs, depuis la nuit de Noël 2024, le Pape François a introduit l’Eglise dans le jubilé de l’espérance, avec la possibilité d’obtenir les indulgences pour les vivants et pour les morts. Une fois de plus, le Seigneur a fait grâce à notre archidiocèse de Bangui, par le choix de la chapelle Saint Luc liée à la pédiatrie, comme lieu de pèlerinage pour obtenir les indulgences, selon les critères donnés par l’Eglise. J’invite les prêtres qui connaissent bien ce thème de bien l’expliquer aux fidèles, afin d’éviter toute confusion. J’invite aussi les fidèles à vivre avec dévotion et dévouement cette année jubilaire par la pratique des indulgences, pour le pardon des peines temporelles liées aux péchés commis.
Le Seigneur nous a encore fait grâce par l’ouverture de la porte sainte en la paroisse Notre-Dame de Fatima.
Notre monde, notre Eglise, notre société, a plus que jamais, besoin de s’armer de l’espérance. Les incertitudes du lendemain, les défis sociaux irrésolus, l’écroulement ou la disparition des valeurs fondamentales, la famille disloquée, les tensions politiques, le détournement des biens de l’Etat, les personnes incompétentes aux postes de responsabilité, la difficulté d’accès à l’eau potable et à l’électricité, le système sanitaire pas rassurant, l’éducation au rabais, le manque de respect de la dignité humaine suite aux récentes vidéos qui ont circulé mettant en cause les militaires et j’en passe.
Il n’est pas surprenant aujourd’hui de rencontrer des personnes qui sont découragées et qui regardent l’avenir avec scepticisme. Dans un tel contexte, le jubilé de l’espérance est tout à fait providentiel. Oui, l’espérance ne déçoit pas (Rm 5, 5). Saint Paul en écrivant cette lettre aux chrétiens de Rome n’’ignorait pas ce que cette ville représentait aux yeux du monde. Par conséquent, l’annonce de l’Evangile devait relever le défi. Les chrétiens de Rome sont invités à s’armer de l’espérance dans l’œuvre d’évangélisation. Car l’espérance ne déçoit pas. Les chrétiens sont appelés à regarder Jésus cloué sur la croix ; de son côté ouvert, jaillissent l’eau et le sang. Jésus est source de notre espérance. C’est pourquoi, l’espérance ne peut pas céder devant les difficultés.
Le témoignage des martyrs nous sert d’encouragement dans l’œuvre d’évangélisation. A cet effet, le Pape François affirme dans la bulle d’indiction du jubilé sur l’espérance : « Le témoignage le plus convaincant de cette espérance nous est offert par les martyrs qui, fermes dans leur foi au Christ ressuscité, ont été capables de renoncer à leur vie ici-bas pour ne pas trahir leur Seigneur. Ces confesseurs de la vie qui n’a pas de fin sont présents à toutes les époques, et ils sont nombreux à la nôtre, peut-être plus que jamais. Nous avons besoin de garder leur témoignage pour rendre féconde notre espérance ». Au nom de ce courage évangélique, nous sommes invités, Peuple de Dieu dans l’archidiocèse de Bangui, à être des pèlerins de l’espérance, car le Seigneur nous a consacrés par l’onction. Le Seigneur ne nous abandonnera pas. La liturgie de la Parole de ce jour, nous montre comment Dieu intervient dans la vie de son peuple en proie au désespoir pour le conduire à un avenir meilleur.
Chers frères et sœurs,
La messe Chrismale que nous célébrons aujourd’hui nous rappelle que, nous sommes un peuple consacré par l’Esprit Saint. Et que la grâce de cet Esprit Saint nous donne de répondre aux défis de notre temps, par l’accomplissement de notre mission chrétienne, sans laquelle nous ne saurons être Eglise de Dieu.
Evêques, prêtres, diacres, consacrés et laïcs, tous regroupés aujourd’hui, centrés sur le mystère du Christ dans cette célébration de la messe chrismale ; nous sommes invités à vivre cet évènement lié à notre foi comme un acte qui nous enseigne que nous sommes un peuple qui appartient à Dieu, un peuple habité par sa grâce, un peuple qui veut apprendre à se laisser guider par l’Esprit Saint grâce à l’action divine.
Par l’onction, Dieu lui-même appose sur son élu son sceau divin et lui confère un rôle crucial dans le plan du salut pour son peuple.
C’est à cet effet que fut consacré par l’onction de l’Esprit du Seigneur, le prophète Isaïe pour annoncer un message de réconfort et d’espoir au peuple Hébreu dans un contexte d’oppression.
Le véritable ministère prophétique est toujours inspiré par l’Esprit Saint. C’est l’Esprit Saint qui confère à l’oint de Dieu son devoir prophétique.
Cette onction de l’Esprit Saint ne lui confère pas simplement un don, mais aussi l’obligation de conformer sa vie à ce que l’Esprit a fait de lui, c’est-à-dire « un mis à part, un consacré », pour ne pas rendre stérile son ministère.
Par l’onction, le consacré devient une chance pour notre humanité face aux souffrances, aux injustices, aux oppressions et aux divers défis de ce monde. Car, désormais de par sa voix, sa vie et ses actions, l’espérance est annoncée. Alors, nous pouvons trouver le réconfort et être assurés que Dieu est du côté des opprimés, qu’Il continue de se manifester et de nous assister grâce à la présence des oints de Dieu. Peu importe nos difficultés nous pouvons aussi croire à la promesse de la restauration divine.
Malheureusement, de nos jours, une crise d’identité menace de plus en plus les oints de Dieu. Nombreux sont ceux qui exercent leur ministère sans se laisser guider par l’Esprit Saint ; certains sont plus attirés par un ministère qui n’est pas de Dieu. D’autres oublient même parfois qu’ils ne sont que des instruments au service de la grâce de Dieu.
L’oint de Dieu devrait avant tout comprendre qu’il ne peut s’attribuer lui-même le privilège d’être choisi. C’est Dieu qui appelle à cette charge. Il ne nous appelle pas parce que nous sommes les meilleurs, les plus dignes ou les plus saints. Il nous appelle simplement par pure grâce, pure miséricorde.
C’est pourquoi dans la première lecture, le prophète Isaïe nous apprend que l’onction reçue de Dieu est destinée non pour nous-mêmes, mais pour porter le projet de Dieu à son peuple. L’onction reçue de Dieu devrait nous guider vers les pauvres, les prisonniers, les malades, etc.
Celui qui a reçu de Dieu l’onction devrait prendre conscience qu’il est un élu, un mis à part, un choisi. Il est donc invité à prendre pour modèle le Christ, celui en qui toute onction divine s’accomplit. Cette onction passe aussi par les saintes huiles que le Peuple de Dieu a apportées pour être consacrées et bénies.
Que la Vierge Marie intercède pour chacun nous dans notre marche à la suite du Christ pour que nous soyons des vrais pèlerins de l’espérance.
Amen.
DIEUDONNE CARDINAL NZAPALAINGA
Archevêque Métropolitain de Bangui